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Matheysine et Hauts Pays ...

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En hommage à René Reymond...
la République d'enfants de Moulin-Vieux
Vers l'aiguille de la Dibona et le refuge du Soreiller
Au milieu d'une harde de chamois...
Le col de la Vaurze en partant du Désert en Valjouffrey.
Vers le lac et la brèche Gary.
Le regard d'une brebis
Le secret de la dernière restauration de l’église de Pierre-Châtel enfin percé !
La montagne défigurée...
LeTitanic "refait surface" en Matheysine.
Comment j'ai fait fortune dans le Trièves grâce à Jean Giono...
Valjouffrey-un livre d'Hervé Champollion
Concert Olivier Messiaen le 09/06/13 en l'église de Saint Théoffrey
Invitation à lire "Roizonne -Histoire illustrée de la vallée du mandement de Rattier-" de Danièle Vuarchex.
Roizonne – Histoire illustrée de la vallée du mandement de Rattier. Un livre de Danièle Vuarchex
Les Alpes de Doisneau. Robert Doisneau en vacances à Laffrey...
Paul Fabre : jean, berger d'Entraigues.
Le poids du papillon. Un conte poétique, deux destins parallèles...
Etrange tête à tête en redescendant du Tabor
Le col des Sept Laux
le col de la Muzelle au départ de Valsenestre
Deux expositions d'aquarelles de Gilbert Skorski en 2012...
Le col de Côte Belle
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Légende de Noël au Pays Noir...
L'association des Amis du Musée Matheysin reçoit le prix 2011 de l'Académie Delphinale.
Au bord de la route...
Le refuge de Font-Turbat Mémoire -mémoire alpine du Haut-Valjouffrey
Du pique nique du Grand-Ferrand vers les cols La Croix, des Aurias et de Charnier...
Des convictions que l'on emmène jusque dans la tombe!
Les Gonthéaumes incendiés en 1882 ? Recherches dans les archives...
Faire-part de naissance du blog "Aquarelles de montagne, souvent de sports de montagne, d'un natif du pied de l'Obiou".
Edith Berger. Peintre du Trièves
L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono -compléments-
Gilbert Skorski expose ses aquarelles à La Mure.
Fascinant Obiou : un rêve de randonnée.
Crash sur l'Obiou : 60eme anniversaire - Mémorial de la Salette Fallavaux
Obiou : montagne mythique.
La petite hermine du Tabor...
L'homme qui plantait des arbres -Jean Giono-
Quelle est triste la montagne !
Pratiquer le haïku en montagne?
Calès, le jongleur de Tencin, peintre des montagnes.
Hier c'était le printemps.
La gloire de mon arrière-grand père.
Crash sur L'Obiou
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Les Gonthéaumes : recherches sur d'anciens travaux miniers...
Le carré magique de Valbonnais
Meeting aérien sur le lac de laffrey : les canadairs font leur schow…
Le puits du Villaret.
Le puits des Rioux
Le puits Sainte-Marie à la Motte d'Aveillans.
L'anthracite : l'or de la Matheysine...
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En allant vers le lac du Vallon et le col du Rochail...
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Matheysine, terre d'inspiration.
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Une grande faim en (de !) montagne...
La Matheysine vue du ciel...
Juillet Août mois des obsessions
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Petit Train S.G.L.M : Visite des ateliers
Vers le lac et le glacier d'Arsine
Le canal du Beaumont
Un article du Dauphiné Libéré de 1957 parlant de l'église romane de Saint Théoffrey...
La vieille église Romane de Saint Théoffrey
Les yeux de l'oncle Jules...
Une randonnée pleine d'émotions vers le refuge du Pavé.
Excursion au Piquet de Nantes en souvenir de l'abbé Pierre.
En Matheysine l'air est pur, le climat est sain… Une centenaire en 1946
Des traces étranges sur la colline des Creys en Matheysine...
Lac Claret et lac du Poursollet, randonnée pour automobilistes
Une "auberge rouge" en Oisans ?
Le plus vieux berger des Alpes : Emile Masse
Quelques jeunes bouquetins acrobates et curieux...
Le Grand Serre en Matheysine, la cabane de la Grande Cuche
La mine de l'oncle "Top" : Prenez donc le temps de la chercher dans la colline des Creys...
Mon ami Bernard : pélerinage de printemps au sommet du Tabor de Matheysine
L'hiver en Matheysine avait été rude cette année là ...
Bibliographie,documentations (Giono)...
La tête dans les nuages...
Un journée de poisse ! Glandu n'a pas de chance...
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Marmottes
Au bout de la randonnée : Son Altesse Chamois
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La légende de la Pierre Percée.
Publication : Mémoire d'Obiou.
La Gribouille : une chaleureuse librairie à La Mure.
Quelques photos en Matheysine - Petite présentation
Bibbliographies, documents (divers auteurs)...
Bibliographie,documentations (Samivel)...
Bibliographie, documentations (René Reymond)...
Une épopée moderne au Tabor de Matheysine !
8 juin 2008

Un article du Dauphiné Libéré de 1957 parlant de l'église romane de Saint Théoffrey...

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Dauphiné Libéré -novembre 1957-.

Une remarquable église romane qui disparait

Saint Théoffrey
Elle n'est aujourd'hui plus que ruines, l'antique église de Saint- Théoffrey.(1)
Et on le regrette dans la région. Car il constituait un très intéressant élément de l'architecture de notre passé, le vénérable monument religieux. Un élément qui eût dû être conservé et dont la protection, à la suite de pertinentes démarches entreprises par M. Jules Poncet, propriétaire de l'ancienne maison curiale voisine, avait d'ailleurs été demandée au ministère par l'inspecteur des Sites de la région Rhône-Alpes.
Du modeste édifice, en grande partie déjà effondré, la voûte en berceau à l'intrados souligné par des arcs-doubleaux, supportait, naguère encore, un clocheton qui se dressait toujours fièrement. Bien que, de ce dernier, s'en allât la toiture d'ardoise et que la croix, cependant fine et légère, ne montât plus dans le ciel et dût s'appuyer sur son croisillon.
Avec ses élégantes colonnettes aux remarquables chapiteaux, à large et haut tailloir, d'un beau décor roman où se montrent des têtes d'animaux, il était, plein de charme ce clocheton ajouré, et l'ensemble, émergeant des arbres et des buissons de ronces et dominant le plateau matheysin, en manquait ni de caractère ni de grandeur.
L'angle nord-est du clocheton s'écroula en février 1954 ; son côté est, en 1955. En septembre dernier, ce qui en restait, devenant dangereux, fut abattu, à l'exception des deux angles ouest que l'on laissa subsister à faible hauteur, de façon à garder à la ruine une certaine symétrie. M. Jules Poncet recueillit pieusement les quatre colonnettes avec leurs chapiteaux et les plaça dons son jardin.
La paroisse de Saint-Théoffrey prend son origine à une époque fort reculée. Vers l'an 1100, elle est mentionnée, avec son église, dans plusieurs documents, sous le vocable de Notre-Dame. En 1375, elle faisait partie des biens de Guigues Alleman, seigneur de Valbonnais, de qui elle passa à Guy, fils de ce dernier, seigneur de Champ. Elle appartint ensuite à Henri Alleman, seigneur d'Allières.
Si l'on devait en croire une vieille tradition populaire, il y aurait eu, jadis, dans cette paroisse, un monastère — un couvent de Bénédictins — ayant été un lieu de pèlerinages importants et dont les restes disparurent à la Révolution.En fort mauvais état au début du XVe siècle, l'église fut restaurée et transformée, puis placée sous un nouveau vocable : celui de Saint-Théoffrey, martyr, second abbé de ce monastère de Carmery, fondé en 570, à quelques lieues du Puy-en-Velay, sous la règle de Saint-Benoît de Nursie.
En 1514, elle se trouva dotée d'une cloche, offerte par Jeanne de Saint-Priest, alliée aux Allemon d'Uriage. Cette cloche, qui portait les armes des Richard de Saint-Priest ; " d'azur à trois quinte-feuilles d'argent ", devait être refondue en 1873, aux noms d'Antoine et Claire Teyssier-Palerme de Savy, ses derniers parrains, pour être logée dans le clocher de la nouvelle église paroissiale des Gonthéaumes, alors que le vieux monument était désaffecté.
Au coté droit de l'église des Gonthéaumes, l'autel — de marbre rose — était à son tour déposé. L'autel primitif, celui de Notre- Dame, constitué par une simple dalle de calcaire, se trouve de nos jours dans la cour de l'ancienne cure.

V.-M. DE FABRY.

(1) Saint-Théoffrey. . petit hameau formé de quatre maisons fermières — dont l'une est l'ancienne cure — nichées, près de l'église en ruines, sur la montagne des creys, a. donné son nom à. la commune, qui comprend, avec ce hameau, ceux de Petichet, Les Gonthéaumes. Les Thénéaux et La Payolle.

Quand, en 1790, le canton de La Mure fut partagé en deux, pour constituer le 20me et le 21me cantons du district de Grenoble, celui-ci réunit les communes de Saint-Théoffrey, Pierre-Châtel. Villlard-Saint-Christophe, Cholonge, Laffrey, Notre-Da.me-de-Vaulx et Saint-Jean-de-Vaulx, et .eut pour chef-lieu Saint-Théoffrey.Mais un arrêté des consuls supprima ce canton en octobre 1801. Et, à l'exception des communes de Laffrey et de Saint-Jean-de-Vaulx, qui furent rattachées au canton de Vizille, les autres communes qui le composèrent rentrèrent dans le canton de La. Mure, dont elles avaient été séparées.


Dans l'ombre, est-ce un moine arrêté,
Avec une étrange clarté
Dans des yeux pleins d'éternité ?
Des ruines saintes, chaque pierre
S'est irradiée de leur lumière
L'air est tout vibrant de prière...

HENRIETTE FILLOUX Saint-Théoffrey - 6 sept.1945

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8 juin 2008

La vieille église Romane de Saint Théoffrey

Saint Théoffrey ? Un nom bien énigmatique .

Voici quelques différentes variantes relevées au cours des siècles sur la façon d'orthographier "Saint-Théoffrey":
Ecclesia sancti Theofredi de Laus (XIe siècle)
Parrochia sancti Thoffredo (en 1266)
Sancti Theofreydi de Matacena (en 1288)
Sanctus Theofredus (en 1339)
Saint-Théoffrey (en 1515)

Saint Théoffrey ? Qui est donc ce Saint au nom si étrange ?

D'après L'Abbé Dussert (Essai historique sur La Mure et son mandement), Pierre Berthier (Le Plateau Matheysin) et René Reymond (Mémoire de Saint Théoffrey) il s'agit d'un martyr, deuxième abbé du monastère de Carmery, fondé non loin du Puy en Velay vers 570, sous la règle de St-Benoît…

Voilà qui est dit !

Maintenant pourquoi, au XI me siècle, a-t-on éprouvé le besoin de construire une église en un lieu aussi isolé ?
Probablement pour la protéger des pillards et bénéficier d'un emplacement concentrant certaines influences du sous-sol.

Ce sanctuaire a du connaître bien des vicissitudes jusqu'à sa restauration entreprise par le curé Joseph Bard de 1844 à 1852. La nouvelle église des Gonthéaumes lui porta assurément le coup fatal. Abandonné, ruiné par les intempéries, pillé, le bel édifice roman a petit à petit disparu sans que personne ne s'en émeuve vraiment !

Les quelques photos retrouvées nous permettent de bien visualiser la rapidité exponentielle de cette déchéance .

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La plus ancienne photo de l'église romane de Saint Théoffrey (1900) -Abbé Dussert-


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Photographies datant des années 1950


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Photo fournie par Mr Jules Poncet (à comparer avec la première de l'Abbé Dussert!)


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Quelques photos plus contemporaines montrant la dégradation de l'édifice...


La tradition fait souvent référence à la présence d'un couvent de Bénédictins, d'un monastère, à Saint Théoffrey. Est-ce une confusion avec le Prieuré de Saint Michel du Connex fondé au XI me siècle par le Seigneur Lantelme (étude de Pilot de Thorey)?

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Ce prieuré lui aussi en ruine peut, si le cœur vous en dit, faire l'objet d'une jolie balade dans les sous-bois du Connex à la recherche des "moines rouges" .

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Pour y aller le plus agréable est d'emprunter la route entre Saint sauveur (Notre dame de Mésage)et Champ sur Drac. Au niveau d'une barrière (normalement relevée!) prendre un chemin bien tracé dans le talus en direction du sud…) . Pour plus de précisions référez-vous à vos précieuses cartes IGN habituelles !

7 juin 2008

Les yeux de l'oncle Jules...

 

 

 

Chaque fois que j'emprunte la route qui part de La Mure pour rejoindre La Motte d'Aveillans, à Nantizon, mon regard est attiré par un monument aux morts 1914-1918 représentant un poilu figé dans une attitude stéréotypée et bien caractéristique.

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Après la Grande Guerre, la France s'est couverte de ce type de monuments. Chaque commune a voulu rendre hommage à ses enfants morts dans les atrocités de ce carnage sans pareil jusqu'alors et, l'émulation aidant, on a assisté à une véritable compétition…La statuaire de ces monuments tourne toujours autour d'une allégorie de l'héroïsme, du courage, de la bravoure…Point de sacrifice dans le geste, la posture doit être patriotique et dégager une énergie sans faille… positive.
A cent lieues de ce que devaient ressentir tous ces pauvres jeunes gens dont la jeunesse et les rêves ont été irrémédiablement brisés par ce grand gâchis.

 

Voilà qui me fait penser aux photos de mon grand oncle Jules…
Dans une vieille boîte à chaussures un paquet de photos et de cartes postales jaunies : Photographies de paysages défraîchies, de noces campagnardes, de mariés figés devant l'objectif et surtout trois photos cartonnées.

 

Tout d'abord un portrait de grande qualité, visiblement le travail d'un bon photographe professionnel, montrant un magnifique jeune homme aux yeux brillants d'intelligence, soigné dans son attitude comme dans son habillement.

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Ce regard dégage, comment dire, de la modernité, de l'optimisme, de la confiance en la vie…

 

 

 

En un raccourci terrible les deux autres photos, moins parfaites techniquement, nous montre le même jeune homme à son retour de la guerre.

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Sur la deuxième photo quelle transformation ! Visiblement affaibli physiquement, sa posture est bien différente. Le regard est rempli de terreur, les yeux si brillants auparavant, sont devenus des puits d'angoisse.

 

 

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La troisième photo nous montre, à nouveau l'oncle Jules à l'extrême gauche, et aussi ses compagnons d'infortune. Presque tous médaillés, mais soit amputés soit visiblement en mauvaise santé… Toute une génération sacrifiée, volée, spoliée de sa jeunesse.

 

Plus que tous les monuments du monde ces trois photos m'émeuvent à chaque fois que je les regarde.

La juxtaposition de ces deux périodes de la vie d'un homme, qui va mourir des suites de ses blessures comme on a l'habitude de dire, est peut-être ce que l'on pourrait montrer aux jeunes de nos écoles afin de "matérialiser" les horreurs de la guerre…

31 mai 2008

Une randonnée pleine d'émotions vers le refuge du Pavé.

Veuillez excuser la bizarre approximation qui me fait penser, en cette fin mai 2008 --(40 ans après les célèbres événements de 1968)--, à la belle randonnée que l'on peut faire dans le pays de la Meije vers le lac du Pavéet qui m'offre le pretexte d'écrire cet article.

Bref, cette belle et abordable randonnée, malgré une dénivelée substantielle, permet de s'immerger facilement dans une ambiance de hautes montagnes et d'aborder sans "escalade" certaines des "effervescences de l'esprit" qui guettent parfois les personnes réceptives aux émotions déclenchées par ces "Hauts Pays".

Franchi le pas d'Anna Falque la désobéissante bergère qui, d'après la légende, s'est précipitée dans les eaux tumultueuses de la Romanche pour avoir été au bal… la randonnée se transforme en une gentille balade sur pelouse alpine jusqu'au plan de Valfourche.

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Le plan de Villar d'Arène...Valfourche...

La facilité de cette marche aisée et la beauté des sommets qui nous surplombent donnent un étrange sentiment de plénitude . Quelle forme on tient aujourd'hui pour évoluer aussi aisément dans ce paradis…
Le glacier de l'Homme, les Agneaux, la Grande Ruine… tout est proche et semble accessible.
Le monde fabuleux de la haute montagne est à portée de main.

Profitons en pleinement, on rigolera moins tout à l'heure sur les interminables moraines du glacier du Clot des Cavales !

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Col du Clot des Cavales

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Col du Clot des Cavales

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Glacier du Clot des Cavales

Au fur et à mesure de la grimpette l'atmosphère "s'ensauvage" encore, la lumière change, les pieds et les jambes fonctionnent en autonomie complète étant donné que les yeux et la tête ont bien autre chose à faire : regarder, engranger sensations, émotions, souvenirs…

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Glacier du Clot des Cavales

Tout compte fait cette activité qui semble à première vue purement "musculaire" s'avère beaucoup plus "intellectuelle" que prévu.

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Vallon du Clot des Cavales

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En vue du refuge du Pavé

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Vallon du Clot des Cavales

Comme presque à chaque escapade en montagne (même, comme ici, lors d'une randonnée très accessible) d'étranges symptômes apparaissent :
Le temps semble ne plus compter, le présent suffit . Il devient essentiel de profiter au maximum de l'instant, de s'imprégner de l'atmosphère des lieux, de jouir pleinement d'un bonheur étrange, incompréhensiblement dense et fort .
Les neurones et les synapses s'échauffent à engloutir dans les greniers de la mémoire toutes ces émotions qui seront bientôt si utiles pour "tenir le coup" et affronter les grisailles du quotidien.

On sent bien dans ces moments qu'une certaine euphorie,(folie peut-être) pourrait nous gagner…

Voyons ce que Samivel en dit :

"Il est bien certain qu'en haute montagne l'alpiniste est transporté dans un milieu inhabituel où les conditions de vie, très modifiées, réclament de la part de tout l'être une adaptation nouvelle. La pression atmosphérique, la tension électrique, les radiations d'origine solaire et stellaire, ont évidemment une influence directe sur nos fonctions nos échanges et nos réactions, et contribuent à nous placer dans un certain état d'euphorie, d'ivresse mentale et physique, que la fatigue de l'organisme augmente et qui est d'ailleurs loin d'être sans péril.

" Mais voici. que les yeux, à leur tour, apportent témoignage. Ce monde des cimes que vous trouviez laid, parce qu'il ne comporte aucun des caractères qu'une longue fréquentation des plaines, de la mer, des douces collines, vous ont habitué à découvrir dans un paysage, et que l'Alpiniste aime pour les motifs mêmes sur lesquels vous fondez votre condamnation, ce monde abstrait, sévèrement limité à quatre éléments plastiques, ciel, nuages, rocs, neige, dont l'orchestration suffit à lui assurer une incroyable diversité de visages, ce monde dépouillé, sans échelle, et qui repousse implacablement toute vie ou du moins tout ce qui nous paraît être la vie, propose à nos sens, hors de l'espace et du temps, une image aride de l'absolu qui se confond ici avec celle de la mort.

" Vous comprenez mieux, désormais, l'influence, au premier abord disproportionnée, qu'exercent sur certaines vies ces courts passages dans un univers où seuls les purs esprits seraient à leur aise, et où la pesanteur se charge de nous rappeler à chaque pas que nous ne sommes que des hommes. Vous saisissez aussi comment l'alpinisme peut devenir le canal par où certaines tendances mystiques, et plus simplement certains idéals insatisfaits, cherchent à s'épancher, tandis que les courtes heures vécues en haute montagne paraissent arrachées désormais à un vague paradis à peine entrevu, dont le grimpeur conserve un souvenir ébloui, et dont chaque cime nouvelle lui ouvrira peut-être définitivement les portes."

Samivel : Nouvelles d’en haut

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Le refuge du Pavé. (Au premier plan les fondations de l'ancien refuge ruiné par une avalanche)

Petite déception en vue du refuge du Pavé...
Le refuge c'est cette baraque de chantier ? non ... c'est pas possible!
C'est pourtant bien le refuge actuel, l'ancien a été emporté par une avalanche...

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Accueillant, très bien tenu, chaleureux même...
C'est bien l'essentiel...

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Le lac, le Pavé, le Pic Gaspard, à gauche -plus loin- la Meije...

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Un dernier regard avant le retour... sur terre.

31 mai 2008

Excursion au Piquet de Nantes en souvenir de l'abbé Pierre.

La balade du Piquet de Nantes à l'extrémité sud du Tabor de Matheysine est bien gratifiante …La vue y est somptueuse .

Ce magnifique belvédère permet d'embrasser en un regard circulaire la majeure partie du plateau Matheysin, le Trièves, la muraille est du Vercors, le pic de Bure, l'Obiou et le bout du nez de son cousin le Grand-Ferrand…

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En se retournant voici le sommet du Tabor à portée de la main, un peu plus loin le Taillefer, le Grand Armet, le Coiro, la Grisonniere…

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Ici le Piquet de Nantes est situé à l'extrème droite de la photo...

L'été il est préférable d'y grimper par le sentier qui part de la route menant au Poyet, juste après le virage à angle droit situé 500 m en amont de l'embranchement de la Maison Félix. Le sentier chevauche la "Grande Combe" puis la "Combe de la Scia" pour déboucher à la fontaine de Bigasset, il ne reste plus alors qu'à se hisser sur la croupe du Tabor…

Il est possible, aussi, d'y parvenir par le col de Malissol ou par la crête des Barres si on a encore un peu d'énergie à dépenser après l'ascension du Tabor …

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Au sommet on découvre une croix métallique maltraitée par les éléments . C'est peut-être celle qui avait été montée par l'abbé Pierre en 1942…


En effet l'abbé Pierre a séjourné un temps dans la région et, jeune alors ,il aimait randonner en montagne.

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Ayons, ici, une petite pensée pour cet homme qui a tendu la main à beaucoup de monde...

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L'Abbé Pierre au sommet du Piquet de Nantes le 21 juillet 1942


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1941 : l'Abbé Pierre à la Mure

60 années de sacerdoce, 60 années de luttes au service des autres, d'abord contre l'occupant au service des innocents pourchassés, ensuite contre la misère au service des sans-logis.

A l'occasion de ce jubilé, l'abbé Jean Bonnet et quelques Murois qui l'ont connu ont bien voulu nous faire part du passage de l'abbé Pierre à La Mure où il séjourna du printemps 1941 à juillet 1942.

En effet, récemment démobilisé et souffrant des séquelles d'une pleurésie contractée sur le front, l'abbé Henri Grouès fut affecté par l'évêque de Grenoble à La Mure comme aumônier de l'hôpital et du collège de l'époque (l'actuel lycée). Ce jeune prêtre envoyé en convalescence en Matheysine où il pouvait bénéficier de l'air vivifiant des montagnes se révéla vite comme un battant, plein de vie et dont l'activité débordante allait s'exprimer auprès de la jeunesse locale. Si notre région ne connaît pas encore les rigueurs de l'occupation elle n'en subit pas moins les restrictions de tous ordres et c'est dans un climat d'inquiétude permanente que vit la population et que se trouve confinée la jeunesse en quête d'activité.

Dès son arrivée, l'abbé s'efforce "de redonner aux jeunes une âme, une fierté, une énergie". Entre autres, il crée le premier groupe scouts de La Mure et s'emploie à remplacer le pessimisme ambiant par un enthousiasme débordant où ce visionnaire perçoit déjà le renouveau du pays. C'est vers la montagne qu'il guidera naturellement ses jeunes. Pour eux, il organise des randonnées : de La Salette il les conduira au Gargas, au Chamoux, puis ce sera le Tabor, l'oreille du loup et plus loin le Valgaudemar, le Taillefer, l'Obiou. Dans le même temps il crée le groupe des guides qui placé sous la responsabilité de Melles Simone Froment et Thérèse Hivert perdurera de nombreuses années .

L'été 1941 le jeune aumônier, jamais en cours d'idées nouvelles ira avec ses scouts planter la croix à 2213 m d'altitude au sommet du Piquet de Nantes, massif d'accès relativement facile mais que l'on peut apercevoir depuis le centre de La Mure, C'est le dimanche 21 juillet 1941 que l'équipe installe son camp de base sur le promontoire de la Scia, un camp bien modeste formé de trois toiles de tentes, mais quel enthousiasme !

Le lundi 22 juillet au lever du jour une messe de la liberté est offerte depuis ce promontoire et toute l'équipe se met au travail. Le mardi 22 juillet alors que tombe le jour, l'éclatante joie de la flamme du feu de camp annonce sur la plaine que là-haut la croix est debout.

Un mois plus tard, le 31 août 1941, 250 jeunes montagnards sont réunis au sommet de la montagne pour la bénédiction solennelle de la croix du Piquet de Nantes qui remplacée quelques décennies plus tard par un ouvrage métallique reste le témoin d'une époque. Au mois de juillet 1942 l'abbé Grouès est appelé par son évêque comme vicaire à la cathédrale de Grenoble et l'abbé Pierre devient le fondateur du maquis de Malleval.

Dauphiné Libéré (mercredi 18 novembre 1998)  Roland MICHON


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Les Murois se souviennent de l'abbé Pierre.

La disparition de l'abbé Pierre ravivera pour de nombreux Murois, alors collégiens, le souvenir de juin 1940 où la France subit l'occupation des armées allemandes. Dans ce contexte, un jeune prêtre est nommé à La Mure aumônier de l'hôpital et du collège. L'abbé Henri Grouès arrive de Lyon. Malade, il a besoin de repos. Entre autres, il crée le premier groupe scout de La Mure et s'emploie à remplacer le pessimisme ambiant par un enthousiasme débordant où ce visionnaire perçoit déjà le renouveau du pays. Et c'est vers la montagne qu'il guidera les jeunes. Le Tabor et plus particulièrement le Piquet de Nantes. Le dimanche 20 juillet 1941, c'est le départ de l'équipe. En route dès l'aube, la première halte a lieu au Roc Noir. Il est midi, altitude 1 900 mètres. Sur le promontoire de la Scia est installé le camp de base . Le mardi 22 juillet 1941, il faut transporter les poutres depuis La Scia jusqu'au sommet, Quatre heures d'efforts seront nécessaires. Le mercredi 23 juillet, dans l'orage qui se déchaîne, les gars quitteront le camp de la Scia pour rejoindre le sommet et assister à la première messe offerte sur l'Hôtel du Piquet de Nantes-en-Rattier. De retour au camp, pendant que l'orage gronde toujours, on plie les tentes. L'équipe est prête au retour dans la joie du bel ouvrage achevé et dévale les pentes vers la ferme des Bruyères où il retrouveront réconfort. Après une nuit de repos à la ferme, ils rejoindront La Mure. Ce sera le quatrième et dernier jour de l'expédition. Et aujourd'hui encore, demeure tout là-haut sur le montagne, la croix qui témoigne du passage de l'abbe Grouès qui bientôt dans la résistance deviendra l'abbé Pierre. En effet en juillet 1942, l'abbé Grouès fut appelé par son évêque comme vicaire à la cathédrale de Grenoble se terminait un séjour qui aura marqué la vie de la cité et débutera la grande odyssée de l'abbé Pierre engagé pour la libération du pays et sa longue croisade pour les démunis.

Dauphiné Libéré (samedi 27 janvier 2007) Roland MICHON

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25 mai 2008

En Matheysine l'air est pur, le climat est sain… Une centenaire en 1946

En Matheysine l'air est pur, le climat est sain…
La race humaine y est solide aussi !
La preuve par l'exemple grâce a cet article de presse retrouvé dans un vieux journal  ( "Le réveil" ) du 21 novembre 1946…

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A Saint Théoffrey tout le monde parle avec fierté de Mme Marie Victorine Baret, une vaillante cultivatrice qui marche allègrement vers sa centième année !
" Pour la voir, c'est à la Fayolle", nous avait-on dit en nous montrant quelques toits rouges blottis dans un creux, non loin de cette fameuse route de Laffrey.
Une humble grille, des pierres patinées par les ans, de solides volets de bois, c'est ici.
La porte est ouverte...Et nous surprenons, une petite femme penchée sur un seau, préparant la nourriture du cochon. Un rude travail quand on aura bientôt un siècle sur les épaules !
Des yeux bleus remplis d'une extrême douceur nous regardent avec un peu de surprise. Et bien vite, un sourire illumine ce visage plissé par les rides. Une main encore solide se tend...
Au coin du feu. près de la marmite qui chante, nous sommes en pleines confidences.
Elle est née sur cette terre de la Matheysine le 4 décembre 1847. Mariée en 1874, elle a élevé cinq enfants. Quatre sont encore vivants. Veuve depuis 1928, son mari est mort à 87 ans, elle vit avec son fils aîné, M. Jules Baret qui porte ses ; 70 ans avec une étonnante vigueur. Elle a eu onze petits enfants. Hélas ! l'un d'eux, pris dans la rafle du 11 novembre à Grenoble n'est jamais revenu. Elle est l'arrière grand-mère d'un bambin de 7 ans qui habite St-Jean de Vaulx.
Depuis 71 ans, elle vit dans cette maison, sous ces poutres noircies qui ont vu, naître et mourir son père. Bel exemple de fidélité à la terre !
Quand on a vu le jour sous le règne de Louis Philippe,- on a bien des souvenirs à évoquer Mme Baret a encore une excellente mémoire Elle se souvient de la mobilisation de 1870, de la lourde diligence, de Gap à Grenoble qui passait sur la route de Laffrey à deux heures du matin. Pour la première fois. à l'âge de 14 ans, elle prit le chemin de fer pour aller à Lyon, alors que la voie n'existait que jusqu'à Rives Mais il y a 15 ans qu'elle n'a pas revu Grenoble !
Mme Baret, qui a encore de bons yeux, est une abonnée fidèle de notre journal. Depuis plus de 20 ans, elle n'a jamais été malade.
Dans quelques jours elle rentrera dans sa centième année . Nous lui souhaitons encore d'heureuses années.

LE REVEIL  : Jeudi 21 novembre 1946.  X

18 mai 2008

Des traces étranges sur la colline des Creys en Matheysine...

Après plusieurs jours de mauvais temps se soleil retrouve enfin sa place habituelle dans le ciel au dessus du Tabor.
Son clin d'oeil est une invitation à sortir de la maison : le chien qui ne quittait plus le poêle retrouve ses "quartiers d'été" sur le trottoir. Siestes, bâillements, étirements, chasse aux "larmuses" l'activité reprend...

Et si on allait faire un petit tour vers la Pierre Percée!

Jolie petite balade dans la poudreuse, solitude, tranquilité absolue jusqu'à la découverte de ces traces de pas énormes, colossales !

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Un géant ? le Diable Folaton de la Pierre Percée qui s'est réincarné ? ...

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Courage, suivons les !

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Ouf ! Ce n'était qu'un paisible bonhomme de neige qui se promenait dans le coin.

18 mai 2008

Lac Claret et lac du Poursollet, randonnée pour automobilistes

Dans le massif du Taillefer ,le lac Fourchu est une véritable "star": accès très facile, paysages magnifiques, pelouse "alpine" à pique-nique, son seul défaut est une fréquentation digne de l'autoroute du sud au mois d'août...

Mais il y a mieux (ou pire) : les lacs du Poursollet et Claret.
Oublions, ici, toute notion de "Wilderness" et après un coup de fil à "Bison futé des Alpages"à l'assaut !
Le plus dur ici est de ne marcher sur les pieds de personne et de faire une photo de paysage sans y encadrer toute une petite famille en pleine expédition.
Pour un peu de calme visez les journées de "très" mauvais temps, la nuit (et encore), les retransmissions de coupe du monde de Foot...

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12 mai 2008

Une "auberge rouge" en Oisans ?

Voici un article du Dauphiné Libéré retrouvé en farfouillant dans un monticule de documents découpés au fil du temps dans la presse...
On verra ici que la  misère peut engendrer toutes les horreurs !

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Le défilé de la Romanche

Une " auberge rouge " en Oisans ?

1860. Au lieu-dit "Le Clapier", du nom d'un village aujourd'hui disparu, la route vers Briançon quitte la vallée largement ouverte du Bourg-d'Oisans pour se frayer avec peine un passage étroit dans le redoutable défilé de la Romanche. Trait de scie entre de gigantesques falaises sombres, encombré d'énormes blocs de rocher, ce ne sont qu'abîmes où d'étroits sentiers tortueux et malaisés serpentent sur des flancs raides et arides.
Les voyageurs engagés dans ce passage redoutable retiennent leur souffle et n'ont qu'une hâte, sortir de ce lieu tourmenté. Un répit leur est accordé à l'endroit appelé "La Rivoire" où la route débouche sur un court plateau. Là, une famille de Piémontais nommée Malaculti tient une auberge. Plutôt un antre sombre meublé d'une longue table flanquée de bancs disposés devant une cheminée noire de suie. Deux meurtrières dispensent avec parcimonie une lumière rare.
Mais après avoir frôlé les précipices, cette halte est la bienvenue. D'autant plus qu'en amont la route s'enfonce à nouveau dans la gorge de la Romanche par un tunnel dit "aux fenêtres" parce que percé de trois ouvertures débouchant sur un vide impénétrable.

Les Malaculti sont de pauvres gens, incultes et rusés, élevant deux fils, Antonio et Gaspardo, dans la perfidie et l'esprit de lucre. L'hiver est pour eux la saison de la fortune et du bonheur. Car le mauvais temps force l'étranger engagé dans ces lieux inhospitaliers à chercher gîte et couvert sous ce toit inespéré... et fatal. L'accueil chaleureux, obséquieux même, un repas copieux et lourd que maints pichets aident à passer, un ardent feu de cheminée, invitent à l'euphorie tandis qu'au dehors la tempête fait rage.
Les convives bavardent, commentent les événements du pays, parfois se livrent à des confidences. Les négociants, maquignons et autres marchands forains qui, imprudemment, laissent entrevoir à leurs hôtes un butin digne de leur avidité, scellent leur perte. Le vieux Malaculti, d'un regard à ses fils, désigne la victime. Le lendemain, reprenant la route et s'engageant dans le sombre tunnel, le malheureux trop bavard est assailli, terrassé, poignardé. Dépouillé, son corps encore pantelant est précipité par une des "fenêtres" dans l'insondable abîme au fond duquel gronde la Romanche. Ainsi ont lieu de nombreuses disparitions attribuées aux dangers de la route. Tout au moins au début.
Car de fil en aiguille, par recoupements successifs, la maréchaussée vient à s'intéresser de plus près aux Malaculti... mais sans rien prouver. Alors, on oppose la ruse à la ruse. Deux gendarmes, déguisés en touristes fortunés et volubiles, font étape à l'auberge. Le manège des Malaculti ne leur échappe point et le lendemain, dans le tunnel, déjouant leurs agresseurs, ils les maîtrisent, reviennent à l'auberge avec leurs prisonniers et arrêtent le couple infernal. Peu après, la maréchaussée à cheval emmène tout ce beau monde en prison à Grenoble.

Le procès eut lieu. Il révéla, dans l'horreur et l'effroi général, l'étendue des meurtres commis. On pendit la famille. Des décennies après, lorsque la nouvelle route fut percée, ces lieux funestes furent dynamités et s'écroulèrent dans la Romanche. Il ne reste rien du "tunnel aux fenêtres" ni de l'auberge... rien... qu'une légende ?

Oleq IVACHKEVITCH

Dauphiné Libéré du 19/09/97

10 mai 2008

Le plus vieux berger des Alpes : Emile Masse

Aujourd'hui, 10 mai, à la veille de "prendre" une année de plus je pense à ma première rencontre en 1975 ou 1976 avec Emile Masse notre cher berger du Tabor...

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Jeune, alors, je ne connaissais pas grand chose de la montagne mais j'étais déjà irrésistiblement attiré par ces "hauts pays".
Pour moi le sommet du Tabor représentait une véritable expédition :  il fallait convaincre mes grands-parents, partir à l'aube des Gonthèaumes avec mon vélo, arnaché d'un sac "tyrolien" d'avant guerre et armé d'une paire de chaussures de sécurité (avec une coquille en acier) trois tailles au dessus de ma pointure puis foncer comme un fou pour rentrer sans retard et ne pas inquieter mes chers grands-parents...
Ce jour là j'ai bien du les inquieter un peu car ma rencontre avec Emile Masse a été une véritable découverte...
Il m'a prété ces jumelles. Il m'a parlé des marmottes comme Samivel en parle dans ses livres...
Quelle enchantement !
Merci à vous Emile Masse.

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Emile Masse en 1997 à l'age de 75 ans...

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Voici un article relevé dans le DAUPHINE LIBERE parlant d'Emile Masse, vingt ans aprés cette "mémorable" (pour moi) rencontre :

Le plus vieux berger des Alpes est reparti dans sa Provence…

Saint-Honoré.
Emile Masse a 75 ans. IL est berger depuis l'âge de 14 ans. L'hiver dans la pleine de la Crau, l'été sur le massif du Tabor entre l'oreille du loup et la station de Saint-Honoré il vit au rythme de ses brebis...

Comme dit le père Masse, Y'a ben des fois, les hélicoptères, ils volent plus bas que nous!". Regard lumineux, sourire sincère. Sur son alpage suspendu entre deux ciels quand la brume inonde le plateau Matheysin, le berger appuyé sur son bâton, contemple la vastitude montagneuse.
D'un bout à l'autre de l'horizon le Vercors dresse ses murailles et ses citadelles : le mont Aiguille, le Grand Veymont, les Deux Soeurs, le pic Saint-Michel, le Moucherotte. Plus au sud, l'Obiou, le Dévoluy, le pic de Bure et puis partout ailleurs... la pente de l'alpage sur lequel ses 960 moutons se faufilent en longues ribambelles. Le vieil homme connaît le nom de chaque aspérité du paysage qui se découpe devant lui en lambeaux.
Mais son monde s'arrête là, aux lignes de crêtes Au-delà des falaises, l'herbassier de Miramas se demande parfois de quoi les paysages sont faits. Son espace ne retrouve ses repères que beaucoup plus loin, de l'autre côté des Alpes, dans sa Provence natale beaucoup trop sèche l'été pour nourrir ses brebis.
L'hiver, Émile Masse est berger dans la Crau. Depuis l'âge de 14 ans, le berger de Saint-Honoré vit au rythme des transhumances. D'emontagnage en descente d'alpages, à la cadence du cycle de la vie de ses agneaux. " La vraie transhumance ", lorsque les sonnailles de ses bêtes et le jappement joyeux de ses chiens venaient rompre à l'aube le silence de la nuit, Émile Masse en garde un souvenir nostalgique.
De Miramas jusqu'au col de la Cayolle (Alpes de Haute-Provence), de la plaine déjà jaunie de la Crau jusqu'aux gras sommets du Briançonnais, le pâtre se rappelle ces longues processions bêlantes et chevrotantes d'une dizaine de jours, qui, de village en village, annonçaient gaiement l'arrivée de l'été. "Les sonnailles, c'est l'harmonie de la Provence et de la montagne ! ". Aujourd'hui, c'est en camion que le vieux berger et ses moutons font le voyage jusqu’au pied de l'alpage.
Et c'est en camion, sous un ciel à raz les bruyères qu'il est reparti, dimanche au petit matin. L'été venait soudain de capituler, cédant l'alpage à la bise et aux premiers flocons de neige.
Voilà 22 ans qu'Émile Masse prend possession, chaque année, dès la fin du printemps, de la cabane du clos de Mouche, au-dessus de Saint-Honoté 1 500. Il monte en juillet et août faire paître ses bêtes au lac de Charlet (1 900 m) avant de redescendre mi-septembre au clos de Mouche. " Là-haut c'est humide. Si je devais rester toute la saison, sûr que j'attraperais la crève" . A 75 ans, ce n'est pas vraiment que "l'Émile" soit d'une nature fragile. Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige, le vieux mène chaque jour son troupeau à l'herbe, d'un bout à l'autre de l'alpage, le pied alerte et précis, attentif à la pierre qui roule, à la vire traîtresse. "
Je me rappelle, il y a 19 ans être resté bloqué sous 20 cm de neige un 7 et 8 août, sans pouvoir faire paître la moindre bête...... Mais son tracas n'est pas dans le temps qu'il fait. " Ce qui me fait le plus souci, ce sont les chiens errants. Ça vous met la panique dans un troupeau. Ils m'en feraient tuer en pagaille....... Avé l'accent.
Quand au mitan de la journée les brebis languissent sous le cagnard ou quand elles " chaument " (ruminent), l'allure du troupeau faiblit. Profitant de ces courtes poses, le père Masse sort son Opinel et fignole un chamois sculpté dans un bout de châtaignier.
Précise, la lame pincée entre les doigts calleux projette de minuscules copeaux et affine les lignes galbées de l'animal. Sur les grands rochers plats disséminés du Tabor, le vieil homme a également gravé à l'aide d'un vieux clou et d'une pierre, des trophées d'éterlous. Comme ça, rien que pour lui, abandonnés à la postérité et aux frimas de l'hiver qui, bientôt viendront recouvrir les genévriers et faire taire le sifflement - il est vrai de plus en plus rare - des bartavelles.
Derrière le pas tantôt pressé ou tantôt paresseux des bêtes, la journée n'est pas de tout repos.
Levé à 6 h 30 après un bol de café puis un second de pain trempé dans du chocolat chaud ("Je m'en mets toujours une bonne ration pour pouvoir en donner à mes chiens "), le vieil homme perpétue jusqu'au coucher du soleil les même gestes depuis son enfance. Traire les chèvres, chauffer la soupe des chiens, cailler le lait, retourner les fromages, faire le tour du troupeau, soigner les bêtes malades, donner le sel (sauf le vendredi par superstition), réparer le sonnant d'une platelle ou d'un redoun (1), cintrer le bois d'un collier coupé dans l'ormeau un jour de vieille lune exclusivement...
Dans la solitude de la nuit Emile prend souvent enfin tard le soir, le temps de dîner. "Cela fait des journées bien remplies. Oui, je crois. là même des fois, j'en ai plein le c.. comme on dit! Oeillade malicieuse.

Le berger de Saint-Honoré ne se pose pas la question de savoir s'il échangerait sa vie pour celle des visiteurs qu'il accueille souvent au seuil sa cabane avec une simplicité et une sincérité sans détour. Les choses sont ainsi, à la grâce de Dieu.

Dauphiné Libéré  : Rodolphe ZIMMERMAN le 15 Octobre 1997

(1) Platelle et redoun: sonnailles. La platelle est plate et le redoun est la plus grosse. On distingue également le pic, sonnaille allongée et le clavelas.

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