Bibliographie,documentations (Samivel)...
Dessinateur et peintre, mais aussi écrivain, cinéaste, photographe ou conférencier, Samivel, qui nous a quittés en 1992, refusait de se laisser enfermer dans une autre définition que celle de créateur et a joué indifféremment de plusieurs modes d'expression.Ses aquarelles sont universellement connues dans le monde de la montagne. Délicates, légères et empreintes de sérénité quand Samivel donne à voir des paysages vierges de toute civilisation, ses images deviennent plus mordantes lorsqu'il y met en scène l'homme... et l'on se retrouve alors face à un Samivel polémiste et drôle, mais aussi sceptique (et malheureusement visionnaire) sur le devenir d'une nature dominée par la civilisation.
On reconnaît une montagne dessinée par Samivel au premier coup d'œil. La poésie, l'élégance, l'intelligence, l'humour noir ou cocasse de son trait la rendent à nulle autre comparable.
Se demander ce que les hommes viennent chercher en montagne... Trouver ce que la montagne offre lorsqu'on est en elle... Cette quête évoquée par Giono dans la préface est au cœur de l'œuvre de Samivel.
Opéra de pics a été publié pour la première fois en 1944 par les éditions Arthaud. Cette édition comportait la préface de Jean Giono et le " Boniment " de l'auteur. Dans une deuxième édition, fin 1945, la préface de Giono avait laissé place au texte de Samivel " La réponse des hauteurs ". En 1980, les éditions Didier-Richard ont réédité cet ouvrage en rassemblant tous les textes des publications précédentes.
" Et j'ose écrire ici, parce qu'il n'y a rien de tel qu'une page imprimée et jetée aux quatre vents pour bien garder un secret, que même les Choses, oui, que même les pierres, même ces grands êtres de terre, de pierre et de glace, qu'on appelle montagnes, sont capables de rendre amour pour amour, car tout n'est qu'un jeu perpétuel d'échos. "
Samivel
A part le combat légendaire d'un certain Béatus contre la redoutable " Vouivre " qui jadis désolait la région, l'affaire Icart-Raccard, laquelle à propos d'un mélèze abattu coupa définitivement le pays en deux clans rivaux, il ne s'est rien passé depuis des siècles dans la Vallée de Saint-Béat. Des générations de montagnards, uniquement occupés de leurs trou peaux, y ont accumulé des milliers d'existences rudes, naïves et libres sans attirer l'attention de l'Histoire.
Mais les temps sont révolus. Ce monde perdu, anachronique, est découvert par un puissant groupe financier qui, à coups de chèques et de caterpillars, va bouleverser les décors, et les âmes, et tirer de l'humble vallée la grande station sportive d'Édenberg, l'une des premières d'Europe.
C'est la chronique de cette mutation, d'une " civilisation de la vache " aux modes d'activité modernes, qui fournit la trame de ce roman, à travers une foule d'épisodes où le drame et la comédie se mêlent intimement, animé aussi d'une multitude de personnages inoubliables... le facteur Lavanche, le curé Burnier, M. Stenn, le Directeur général du C.I.E., Oltresaxo, le vieux braconnier, Sarah la sicilienne, Amat Penne le Talleyrand de village, la séduisante Hélène Colline... Et les dominant toutes, la puissante figure de Siméon Icart, du " Dernier des Hommes ", du "Fou d'Édenberg ", fou de justice et de liberté, en qui s'incarneront peu à peu des forces vraiment cosmiques, en tenant tête, tout seul, à l'opinion, aux foules déchaînées.
Ce livre polyphonique, où la nature, l'homme, l'animal, la pierre elle-même sont traités avec la même attention poétique et la même perspicacité, où l'esprit et la sottise, l'amour et la haine, se heurtent parfois avec la dernière violence, entraîne le lecteur dans les ambiances et les milieux sociaux les plus divers, cabanes de bergers, conseils d'administration, boîtes de nuit, alcôves et solitudes neigeuses.
Samivel n'avait publié que des études, des récits et des nouvelles. Voici, tout à coup, un grand roman, un vrai.
Paru pour la première fois en 1940, le chef-d'œuvre de Samivel n'a pas vieilli d'une ligne et demeure l'un des plus grands classiques de la littérature alpine.
Le narrateur et ses deux amis - Bob le bricoleur impénitent et François le distrait - forment une cordée ordinaire. Ce ne sont pas des surhommes, seulement trois amis en vacances s'initiant à l'alpinisme. Ils connaîtront de multiples péripéties, souvent cocasses, parfois tragiques, mais toujours racontées avec l'humour, la malice et la poésie qui sont le propre de l'auteur, et dans lesquelles tous les amoureux de la montagne se retrouveront avec plaisir.
Les aventures qui se succèdent ici nous restituent la passion authentique de l'alpinisme. Si un livre est capable de faire comprendre et aimer la haute montagne à qui ne la connaît pas, c'est bien celui-là, et on peut parier qu'il a déclenché plus d'une vocation alpine ! Mais ce récit est aussi le reflet d'un monde à jamais disparu, celui du paradis perdu de l'altitude, si cher à Samivel, dans lequel le massif du Mont-Blanc n'est pas encore envahi par les foules et où l'on grimpe en chaussures à clous et amples pantalons de laine. Cet univers même que Samivel a si bien évoqué dans ses aquarelles et dessins et dont L'amateur d'abîmes constitue l'exact pendant littéraire.
Dessinateur et peintre, mais aussi cinéaste, photographe et conférencier, Samivel fut avant tout un merveilleux écrivain. Il n'existe aucun genre qu'il n'ait tenté avec succès, du conte humoristique à l'essai philosophique, de la chanson au roman, de la bande dessinée à l'étude historique. Si ses grandes œuvres, comme les Contes à pic ou L'amateur d'abîmes, enchantent toujours un public fidèle et fervent, son œuvre foisonnante demeurait riche de nombreux textes peu connus, inédits ou publiés en revues. Le présent volume offre le meilleur de ceux consacrés à la montagne, et on ne s'étonnera pas qu'ils soient de coloration et de styles divers. Les contes et nouvelles y vont de la saynète humoristique à l'évocation dramatique d'une tempête en altitude, mais les récits et essais qui composent la suite du volume ne sont pas moins variés.
Samivel y prend position, avant l'heure, contre les téléphériques, défend le parc national de la Vanoise, raconte les heures délicieuses passées à observer chamois et bouquetins ou analyse "l'énigme " de l'alpinisme.
La montagne a suscité peu d'écrivains dont la curiosité soit aussi universelle, les connaissances aussi vastes, le style aussi fin et évocateur. Dans sa diversité même, Samivel déploie toute la palette de ses talents, mise ici au service d'une seule cause : l'amitié des montagnes.
En peu d'années et sous la pression des faits, les rapports de la civilisation occidentale et de la Nature vivante ont été remis en question. Mais si les termes "pollution", "environnement", "écologie" sont tombés dans le domaine public — sans que l'on puisse assurer pour autant que leur signification et leurs implications soient réellement comprises du plus grand nombre, — un aspect fondamental du problème a jusqu'ici été à peu prés négligé : l'aspect esthétique.
Pour l'auteur de L'Œil émerveillé, la Nature se présente d'abord comme une source inépuisable de satisfactions esthétiques, c'est-à-dire d'euphories souvent intenses grâce auxquelles il est possible d'accéder à un niveau supérieur de conscience. La première qualité du monde est sa troublante beauté.
Encore faut-il apprendre ou réapprendre à voir, ce qui s'appelle VOIR, œuvre pie exigeant cette vertu de curiosité et ce don d'émerveillement que tant d'adultes ont perdus en cours de route. Dès lors, notre "admirable planète", dévaluée par manque d'attention, si ce n'est d'amour, se repeuplera de myriades d'objets fascinants, œuvres des hommes aussi bien que de la Nature puisque les unes et les autres font partie de la même réalité.
Ces pages de Samivel sont fondamentalement contestataires, en ce sens qu'elles n'accordent rien aux conventions du jour et même brisent au passage quelques idoles. En ce siècle de {'image, c'est plutôt une vision qu'elles nous proposent. Elles négligent en effet toute référence matérielle et redonnent ses lettres de noblesse à la description purement littéraire, laquelle réclame non seulement l'adhésion du lecteur mais aussi sa collaboration imaginative. Il y a là un dialogue, poursuivi à travers les décors les plus divers de la vaste et féconde Nature, grâce auquel s'élaborent simultanément une "méthode de joie" et une véritable "Esthétique sauvage".