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Une épopée moderne au Tabor de Matheysine !
3 février 2012

Bêtes et hommes, mon chien...

 

Dans ces pages dédiées à la montagne les hommes et les bêtes ont toujours leurs places :

brebis

Patou

Le berger et son troupeau, le chasseur et son chien, le braconnier et le chamois, le randonneur émerveillé par le vol d'un vautour, la beauté d'un faisan ou la hardiesse d'un bouquetin…

Gypaète

chasseur et chien

Bouquetin jeune

Faisan

Ces sujets ont déjà été abordés ou le seront bientôt…car j'ai toujours été fasciné par les proximités hommes-bêtes qui se créaient dans ces endroits…

Certaines rencontres sont merveilleuses. Par exemple je me souviens de ce chamois étrangement confiant qui s'était laissé approcher si près, si près, que des années plus tard je me rappelle encore son regard plein de naïveté…

Chamois Pavé

Mais mes piètres expériences en la matière ne sont rien en regard des magnifiques communions "homme-animaux" que Samivel décrient dans son roman "Le fou d'Edenberg" . Quel bonheur de lire les passages ou il fait raconter à son personnage principal Siméon (qui doit se cacher dans la montagne pour échapper aux gendarmes) ses rencontres avec les animaux:

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(voir en fin d'article la 4ème de couverture du livre)

"L'esprit des solitudes commençait à se glisser dans son ombre, murmurant de vieilles promesses, désignant d'un index de cristal de nouveaux châteaux, d'autres royaumes. Il s'incarnait dans des êtres timides qui le regardaient venir sans bouger, sans ciller. Soudain la neige poussait des ailes. Une perdrix s'envolait.

Un peu plus tard les bêtes cessèrent de fuir, et l'écureuil ouvrit le ban. Il se montra d'abord au sommet de sa tour, hochant la queue avec nervosité. Puis chaque fois que Siméon portait ses miettes un peu plus bas, descendu d'un degré sur l'escalier des branches. Désormais l'animal l'examinait à son aise sans marquer d'inquiétude : deux perles de jais dans une fourrure ébouriffée. Pour finir il vint à portée de l'homme qui lui tendait de menus débris du bout des doigts. Il les grignotait posément, se nettoyait la moustache. Il s'enhardit encore. Siméon le rencontra souvent non loin du seuil. Un réseau serré de menues pistes encercla son domaine.

oiseau01

Pour le charbonnier il comprenait, ayant fait les premières avances. Mais de nouveaux habitants de la forêt, aussi craintifs ou davantage, parurent à leur tour. Un flûtiste prit ses quartiers dans l'épicéa, y voleta comme une flamme. Ensuite deux mésanges non moins charbonnières. Autour de la cabane plusieurs arbres se mirent à chanter.

oiseau02

D'autres événements suivirent. Les fameux elfes se montrèrent à tout bout de champ. D'habitude on ne voit rien dans les bois. Les bêtes sont camouflées et la plupart nocturnes.

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Alors comment expliquer cette invasion de museaux pointus, de queues bien fourrées, ces regards vifs, pleins de sauvagerie, pourtant fascinés, fascinants? A peine Sim s'arrêtait-il (par hasard) devant une souche, un tas de branches qu'il en sortait le diable d'une boîte, une fouine, une hermine...

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Elles passaient l'inspection du visiteur; et s'il s'agissait d'un arbre il pleuvait souvent un couple de martres pleines de curiosité. Or, quoi de plus indifférent de plus inaccessible qu'une martre au temps des poursuites amoureuses? Des tétras nichés dans les buissons d'airelle encroûtés de gel le laissèrent s'approcher à longueur de skis. Ils ne fuirent pas, simplement gonflèrent leurs plumages. Crainte de rompre le charme, il n'osa d'ailleurs y toucher. En revanche, beaucoup plus haut sur la montagne, vers le replat où l'été brillaient les lacs, il tomba sur un gros blanchon. Le lièvre se tenait à la limite d'une ombre, à peu près invisible sauf que la neige paraissait juste un peu moins blanche que la fourrure, Siméon le repéra pourtant et s'avança au ralenti, s'attendant d'une seconde à l'autre à le voir rebondir sur la pente comme une balle perdue, disparaître au premier tournant. Il n'en fut rien. Ce blanchon fourré négligea bizarrement les consignes, resta sur place, le contemplant d'un œil rond, impavide. Il se contenta de clore les paupières, abaisser les oreilles quand l'homme, risquant le tout pour le tout, osa lui gratter l'occiput! Le plus surpris des deux fut Siméon. Qu'arrivait-il donc à l'univers, ou que lui arrivait-il à lui-même?

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Enfin l'affaire des chamois. Ce fut à la mi-mars, quand le soleil chauffe, dégage les futaies. La couche mesurait encore plus d'un mètre, tassée, compacte. Elle s'évasait en entonnoir autour de chaque tronc. Et là quelques pousses perçaient déjà l'ancien terreau.

A cette époque les cornus circulent en quête de pitance car ils en ont été longtemps réduits aux lichens, au vert des sapins.

C'est ainsi qu'un matin, mettant le nez dehors, Siméon s'arrêta pile. A courte distance, immobile, un groupe de chamois. Trois femelles et trois jeunes.

Les bêtes le voyaient, aucun doute, car elles tournaient toutes ensemble la tête de son côté, leurs fines oreilles dressées, les prunelles globuleuses brillant dans la bande noire des joues.

L'une des femelles siffla mais sans conviction. Ensuite la harde se déplaça de quelques mètres, elle n'était pas alertée. Sim fut stupéfait. Ni son père ni Joseph n'avaient jamais conté pareille aventure. Peut-être qu'à demi dissimulé par le talus, les chamois étaient trompés? Il grimpa sur le glacis, puis rien ne bougeant se mit debout bien en vue. La manœuvre ne parut pas les émouvoir. Un jeune bêla.

Après vint une chose plus étonnante encore, incroyable, comme les histoires aux gosses pour leur faire croire que le monde est bon, plein de clins d'œil et d'amitié! L'une des chèvres sans cesser de le regarder s'approcha suivie de son petit. Elle faisait trois pas, s'arrêtait, repartait, l'échiné souple, le poitrail saillant et ses deux hautes cornes en point d'interrogation. Bientôt elle fut assez près. Alors elle donna de la tête dans le flanc du chamoiseau, le poussant encore du côté de l'homme. Il s'avança, hésitant, puis tendit vers Siméon un museau humide, tout neuf. Son regard plongea sans obstacle dans un autre regard innocent ombragé de longs cils couleur paille. Toute inquiétude, toute sombre alternative en étaient bannies. Il semblait qu'un temps perdu se trouvât pour quelques secondes ressuscité.

La mère émit un chevrotement. Elle paraissait satisfaite, arrivée à ses fins. Le petit fit demi-tour. La harde l'observa encore puis se dirigea vers le couvert. On entendit de ce côté-là pendant longtemps craquer les branches.

Siméon s'assit sur la neige, les coudes sur les genoux, les paumes jointes, la tête inclinée, dans la position qu'il préférait pour remuer les souvenirs ou les idées. Il médita sur l'étrangeté de cet incident, son caractère insolite. Cela n'aurait jamais dû se produire et pourtant cela s'était produit. Encore une fois que se passait-il?

De tels mystères le troublaient. Sur quoi l'épicéa joua un nouvel air de flûte."

Certaines personnes possèdent un étrange pouvoir, un fluide, des ondes bienveillantes qui semblent leur faciliter le contact avec les animaux…

 

Siméon tente une explication sur tout ça en racontant à Sarah (son amie Sicilienne) l'hiver de solitude qu'il a passé, caché, dans la montagne :

"Cet hiver, tu ne peux pas savoir, j'étais comme un roi…/…. des renards... même un blaireau. Les chamois sont passés plus d'une fois! A la fin ils venaient quasiment me brouter dans la main. On ne les trouve plus, ils sont remontés.

Montre-la-moi donc, ta main...

Sarah fit un examen minutieux. Sa chevelure lui retombait sur le visage comme un voile épais.

Tu as le signe! Peu d'hommes l'ont.

Quel signe? Sorcière que tu es!

Elle éluda :

Les bêtes en savent plus sur toi que tu n'en sais toi-même, Siméon. Elles t'ont traité comme sur la montagne du paradis, comme leur père et leur mère! On lit ces histoires dans les vieux livres.

Tiens... regarde Duc! Regarde ses yeux!

En effet, le chien fixait le maître, et durant quelques secondes;  Siméon lut dans les prunelles marron autre chose que la soumission. Une expression lointaine, ambiguë, aussi troublante que celle de ces nouveau-nés qui savent tout, se souviennent de tout, jugent... Mais   ici l'homme était absous. Puis la lueur s'effaça et il resta un humble corniaud, remuant la queue."

 

Ce dernier passage me trouble beaucoup. Comment expliquer les magnifiques liens qui unissent parfois homme et chien? Comment expliquer que je me sente obligé d'exprimer dans ces pages, en ce jour anniversaire de la mort de mon petit Epagneul (Cavalier King Charles), la complicité qui m'unissait à mon compagnon des bons et des mauvais jours. Compagnon de "petites" randonnées (10 km maxi!), compagnon "pot de colle", toujours présent, toujours affectueux… Comment expliquer que cette petite boule de poils passait des heures à scruter le Tabor de Matheysine, assis bien droit et immobile, dans la cour de notre maison aux Gonthéaumes lorsqu'on lui disait que j'étais "en montagne"?

A la fin de sa vie son petit cœur était bien fatigué, il avait du mal à passer les lacets de la route des Creys, mais en esprit je suis certain qu'il était à mes côtés, courant la montagne, le nez au vent…

rousty halo

Heureux petit compagnon de cordée ton âme (les chiens ont une âme, c'est certain!) flottera à jamais, bienveillante et amicale, entre l'Oreille du Loup et le roches de Chamoissières...

Tabor02

D'ailleurs je l'ai rencontrée non loin de là sous la forme d'une petite hermine curieuse qui doit encore épier le randonneur de passage puisque ton nom officiel, mon petit père était : Rousty de la …Grande Hermine…

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lefoudedenber1

Résumé du roman décrit sur la 4ème de couverture du livre :

A part le combat légendaire d'un certain Béatus contre la redoutable  « Vouivre » qui jadis désolait la région, l'affaire Icart-Raccard, laquelle à  propos d'un mélèze abattu coupa définitivement le pays en deux clans  rivaux, il ne s'est rien passé depuis des siècles dans la Vallée de Saint-Béat.  Des générations de montagnards, uniquement occupés de leurs troupeaux, y ont accumulé des milliers d'existences rudes, naïves et libres  sans attirer l'attention de l'Histoire.

   Mais les temps sont révolus. Ce monde perdu, anachronique, est  découvert par un puissant groupe financier qui, à coups de chèques et  de caterpillars, va bouleverser les décors, et les âmes, et tirer de l'humble  vallée la grande station sportive d'Édenberg, l'une des premières  d'Europe.

   C'est la chronique de cette mutation, d'une « civilisation de la vache »  aux modes d'activité modernes, qui fournit la trame de ce roman, à  travers une foule d'épisodes où le drame et la comédie se mêlent intime ment, animé aussi d'une multitude de personnages inoubliables... le  facteur Lavanche, le curé Burnier, M. Stenn, le Directeur général du  C.I.E., Oltresaxo, le vieux braconnier, Sarah la sicilienne, Amat Penne le  Talleyrand de village, la séduisante Hélène Colline... Et les dominant toutes, la puissante figure de Siméon Icart, du « Dernier des Hommes », du «Fou d'Édenberg », fou de justice et de liberté, en qui s'incarneront peu à peu des forces vraiment cosmiques, en tenant tête, tout seul, à l'opinion, aux foules déchaînées.

Ce livre polyphonique, où la nature, l'homme, l'animal, la pierre elle-même sont traités avec la même attention poétique et la même perspicacité, où l'esprit et la sottise, l'amour et la haine, se heurtent parfois avec la dernière violence, entraîne le lecteur dans les ambiances et les milieux sociaux les plus divers, cabanes de bergers, conseils d'administration, boîtes de nuit, alcôves et solitudes neigeuses.

Samivel n'avait publié que des études, des récits et des nouvelles. Voici, tout à coup, un grand roman, un vrai.

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