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Matheysine et Hauts Pays ...
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10 août 2008

Juillet Août mois des obsessions

Juillet août … Comme tous les ans à pareille époque, une irrésistible envie de montagne me grignote l'esprit à chaque instant libre. Toute l'année la petite bête a rongé la cervelle, mais maintenant c'est devenu une idée fixe, obsessionnelle. Le temps du pèlerinage d'automne arrive. Cette année le miracle se reproduira sans doute à nouveau et il sera enfin possible d'aller cueillir là-haut deux ou trois petits morceaux de paradis. Oh ! pas grand chose : un rayon de lumière, une course de chamois enveloppée dans une nuée vaporeuse, une odeur de foin ou de rocher surchauffés par un soleil agrippé au zénith. (Inutile en effet de rêver à la face nord des Drus ou de s'imaginer en équilibre sur les lames de Planpraz face au dôme du Goûter.)

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Vision fugitive…

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Photo issue du bel ouvrage :Gaston Rébuffat Une vie pour la montagne d'Yves Ballu (Hoëbecke)

Invariablement l'imagination me propulse plus simplement, en plein cagnard, sous les sangles du Châtel à deux pas du col de la Brèche ou dans la fraîcheur du Rif Bruyant sous le Château du Lac. Précisément à l'endroit, où l'année dernière, une grosse marmotte m'a brûlé la politesse sur le sentier aux soixante cinq lacets qui mène au sommet du Coiro…

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Miraculeusement il fait toujours beau temps dans ces rêveries éveillées. La chaleur se contente de réchauffer la carcasse et endort les douleurs sans jamais être exagérée, le vent rafraîchit sans donner l'onglée, la lumière est toujours somptueuse…

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Le corps répond au doigt et à l'œil : le pied est précis, la jambe a ce fonctionnement élastique et facile qui permet d'enchaîner sans peine les dénivelés gargantuesques et les pas délicats. Le souffle est parfaitement maîtrisé. Le cœur bat comme un métronome, sans affolements superflus. La lucidité, curieusement, semble exacerbée par l'altitude et le manque relatif d'oxygène.
Les paysages s'harmonisent en un parfait équilibre entre la rudesse parfois un peu brutale de la nature et les transformations raisonnées, subtiles, des hommes.
Si je n'avais pas peur de paraître prétentieux je dirais bien qu'il y a, dans cette approche idéalisée de ce qui peut apparaître à certains comme un simple loisir, un côté mystique, ou tout au moins une dévotion infiniment humble et respectueuse à un environnement fragile comme le cristal.
En réponse le chœur des mécréants entonnera un air habituel et bien connu, une ritournelle traditionnelle et classique dont les refrains principaux sont :

(a)La montagne est dangereuse, sournoise, le temps y est changeant, imprévisible, excessif rétorquerons les esprits pragmatiques.

(b)Tous ces efforts pour rien ! On n'y gagne pas un kopeck à toutes ces histoires grogneront les esprits utilitaires.

(c)Ce charabia est d'un autre temps, maintenant le progrès vous permet de voir tout ça bien calé dans un fauteuil, objecterons les esprits prosaïques.

(d)La montagne, oui, mais "aménagée", "valorisée" transformée en un packaging commercial englobant station, remontées mécaniques, forfaits, location de matériels, "gérée" afin de drainer le maximum d'argent, répondront les esprits mercantiles.

Il faut bien admettre que l'approche romantique et la mise en exergue des valeurs attachées à ces hauts pays n'ont guère la cote. Si vous insistez et tentez d'imposer le sujet dans la conversation, on vous consentira, au mieux, un intérêt poli, bref et superficiel.
C'est que face à vous, vous retrouverez invariablement les (a) (b) (c) (d) précédents (avec lesquels vous ne pourrez établir aucun contact), puis le peloton des indifférents que ce sujet ennuie…
Il vous reste alors à sélectionner votre auditoire et trier parmi les écolos non intégristes, les sportifs détestant la compétition, les esthètes non pantouflards, les curieux non atteints de surdité intellectuelle, les personnes sensibles à votre panégyrique de la Déesse Montagne. Si par bonheur vous trouvez quelqu'un partageant votre discours, alors faites-en votre compagnon de route. Il n'y aura, alors, plus besoin de beaucoup de paroles puisque forcément "un compagnon de cordée" c'est avant tout, un ami, un complice.

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